Tant qu’il y a de la vie, il y a de l'espoir

J’ai enfin l’impression d’être un agent de change. La plupart de mes clients étant orientés sur l’euro, ces trois dernières années ont été relativement calmes sur le front des devises.

A présent, la situation a totalement changé. Depuis le 15 janvier, la volatilité a fortement augmenté, pas seulement en ce qui concerne le taux de change EUR/CHF. L’activité de négoce redevient ainsi passionnante. Les opportunités sont très nombreuses avec d’importantes marges de fluctuation. Conformément à la devise « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », cela faisait longtemps que les cambistes n’avaient pas été aussi demandés.


La situation actuelle est paradisiaque, notamment pour les investisseurs ayant une importante capacité de risque. Eu égard aux fortes volatilités, les clients peuvent profiter de primes plus élevées lors de la vente d’options. Les produits structurés sur mesure sont intéressants pour les investisseurs « plus modestes ». Ceux-ci dégagent un taux d’intérêt correct pour des investissements à partir d’une contre-valeur de CHF 50 000. L’opportunité ou le risque consiste à acheter une monnaie alternative à un cours plus avantageux que le cours à terme sous-jacent.


On me demande souvent à présent s’il existe d’autres monnaies que l’habituel trio euro, dollar ou livre susceptibles d’être intéressantes pour des opérations de change. Ces dernières années, les investisseurs se sont souvent montrés très attirés par de nombreuses monnaies des pays émergents.


Elles promettaient ainsi des rendements plus élevés que ceux des pays industrialisés. Mais on n’obtient pas des taux d’intérêt de 7 à 12 % sans prendre de risques. Et ceuxci sont souvent le fait d’une dépréciation de la monnaie. Si vous aviez par exemple souscrit à 100 % une obligation en rand sud-africain (ZAR) en 2009 avec un taux de 9 %, vous aviez dû acheter le ZAR à un cours de 0,1400 CHF. Aujourd’hui, six ans plus tard, le taux de change est de 0,0820, ce qui représente une perte de change de 42 %. Parallèlement, le taux d’intérêt de 9 % par an a également reculé. Au final, on débouche sur un jeu à somme nulle. Le rendement supplémentaire ne suffit généralement pas à compenser le risque accru.

La stratégie « buy and hold » n’est plus d’actualité

La décision d’investir dans des monnaies « inhabituelles » dépend donc toujours de la capacité de risque de l’investisseur. Si vous investissez par exemple dans une monnaie dite de matières premières telle que la couronne norvégienne (NOK) qui présente une forte corrélation au prix du pétrole, votre investissement dépendra avant tout de l’évolution du cours de l’or noir. Vous êtes alors confronté à des marchés volatils et imprévisibles. Une surveillance constante des placements est alors essentielle, car la stratégie « buy and hold » n’est plus d’actualité.

La question de l’évolution de l’euro reste néanmoins de mise. Je pense que l’euro dans sa forme actuelle ne survivra pas. Les critères de Maastricht n’ont pas été respectés par les « grands » en Europe et les « petits » se voient prescrire des réformes budgétaires.


Il n’est donc guère surprenant que l’euro souffre depuis des années d’une perte de confiance massive. L’Europe ne peut survivre que si chaque pays retrouve la souveraineté sur sa politique monétaire et des changes et peut réagir en conséquence de façon autonome aux différentes évolutions conjoncturelles. Les prochaines générations devront assumer ce désastre. Un jour, on pourra lire ceci dans les livres d’histoire de nos petitsenfants : « L’Union européenne a introduitl’euro en 1999. Vingt ans plus tard, cette monnaie a de nouveau été supprimée suite à d’importants troubles sociaux en Europe.


Avec succès : assez rapidement, les moteurs de l’économie se sont remis en marche et la qualité de vie en Europe s’est considérablement améliorée. »